Rencontre avec Antoine Yaméogo (Burkina Faso)

Antoine Yaméogo avec le Burkina Faso / DR

Ancien joueur du CSM Gennevilliers ou de Bobigny, Antoine Yaméogo est devenu sur le tard international burkinabé.  Le joueur qui compte une quinzaine de sélections à 7 et à 15, a souhaité s’engager pour son pays d’origine. Pour RugbyZap, Antoine Yaméogo revient sur sa carrière mais aussi explique les axes de développement du rugby dans son pays d’origine.

La carrière du joueur et la reconversion

Quel regard portes-tu sur ta carrière de rugbyman ?

« J’ai  été formé à Bagneux en même temps que l’international Sébastien Bézy qui est un très bon ami. Ensuite, je suis rentré à Lakanal au pôle espoir. Puis, j’ai rejoint Massy en cadets où je fais une très bonne saison en Cadets A. Nous finissons vice-champions de France en perdant contre le Stade Toulousain. Après cette saison, je me fais recruter par le Stade Français où je reste sept saisons. D’abord en Crabos puis espoirs sans oublier quelques entraînements avec l’équipe première. A l’époque, Michael Cheika était l’entraîneur. Aussi, j’étais en concurrence avec des joueurs comme Francis Fainifo ou Djibril Camara. Par ailleurs, je ne suis pas sûr que j’avais le niveau pour évoluer en Top 14. Après, je suis retourné en Fédérale et j’ai repris mes études. »

« Puis, j’ai signé à Bobigny en Fédérale 1 où j’ai passé deux saisons avant que le club « se casse la gueule » financièrement. Puis, le trajet entre chez moi et le club était devenu trop long pour que je continue. Aussi, je voulais me rapprocher de chez moi et j’ai rejoins le projet d’un éducateur que j’ai connu pendant l’enfance, Jean-Max Calice qui était à Clamart. J’y suis resté deux saisons et le projet s’est terminé. Enfin, j’ai rejoint Gennevilliers entre 2018-2020. Le Covid est arrivé et la saison s’est arrêtée. A ce jour, je n’ai pas repris de licence officiellement après. En revanche, j’ai repris une licence à Bagneux, mon club formateur en R1. C’est l’histoire de recourir et reprendre des sensations. Je n’ai pas d’ambitions plus que cela. »

« J’ai fait un stage en Afrique du Sud où j’ai rencontré des joueurs comme Siya Kolisi avec qui je suis resté très proche. Toute la générations des Sud-Africains 1991 comme Frans Malherbe ou Eben Ezebeth »

Un mot sur ta reconversion qui t’amène aujourd’hui à Oxyl ?

« Ma mère m’a demandé de reprendre mes études. Aussi, j’ai fais un BTS en alternance en commerce dans la boite où je suis aujourd’hui, Enfin, cela fait 11 ans cette année. J’ai fais cinq années en alternance, BTS, licence et Master. Par ailleurs, je suis désormais cadre senior dans ma boite. »

L’arrivée de son ami Siya Kolisi au Racing 92

L’arrivée de Siya Kolisi au Racing 92 et l’apport de celui-ci dans le club francilien ?

« A titre personnel, son arrivée au Racing 92 me fait très plaisir. De plus, c’est un bon ami et on se connait bien. Pour le championnat français, c’est une bonne nouvelle. Aussi, c’est un super joueur avec une aura incroyable. Même s’il n’est aussi spectaculaire qu’un joueur comme Cheslin Kolbe ou Antoine Dupont, il amène pleins d’autres choses. Pour le Top 14, c’est une très bonne chose qu’il soit présent »

« Dans le jeu, c’est un combattant et un joueur très mobile. Kolisi est capable de répéter les efforts. De plus, il est très longiligne et est capable de porter les ballons. Enfin, il a déjà cassé pas mal de plaquages. C’est un joueur super complet ».

Antoine Yaméogo et le rugby au Burkina Faso

Concernant le Burkina Faso, quel a été le constat pour que tu engages à développer le rugby là-bas ? 

« Je suis franco-burkinabé. 50% de ma famille vit là-bas et je suis originaire par mon père. En outre, mes parents se sont séparés quand j’avais atteint la majorité. Aussi, j’ai perdu contact avec mes origines et mon père. En 2014, il y a eu un premier coup d’état au pays et j’ai commencé à m’intéresser à la situation du pays. En outre, j’en ai profité pour reprendre contact avec mon père. Néanmoins, j’ai décidé d’y aller. Quand j’étais petit, j’allais comme touriste dans le pays. »

« Aujourd’hui, j’y suis retourné par le biais d’une association « Terres en mêlée ». Aussi, c’est une association pour l’éducation des enfants par les valeurs du sport. Tous les éducateurs sont des rugbymans. Le sport périscolaire numéro 1, c’est le rugby. Ce fut très facile pour moi de m’intégrer. J’ai adoré découvrir les villages qui étaient sans eau ni électricité. Ainsi, j’ai pu voir une autre facette de mon pays. »

« J’y suis retourné et cela m’a permis d’accompagner un membre de l’association. A cette occasion j’ai rencontré la présidente de la Fédération qui me demande qui je suis et ce que je fais ici. A la fin de la réunion, elle me demande si j’ai la double nationalité et pourquoi je ne suis pas appelé en sélection. Je lui ai répondu qu’on ne m’a jamais proposé de rejoindre l’équipe nationale. Aussi, je ne savais même pas qu’il y en avait une. En outre, il n’y a pas de terrain au Burkina et on ne voit pas les enfants jouer avec un ballon ovale. »

« En 2017, j’ai eu ma première cape avec le Burkina. Nous avons fait 14 heures de car pour aller jouer à Niamey au Niger un tournoi de Coupe d’Afrique non référencé à World Rugby. C’était génial et j’ai été très bien accueilli par l’équipe et les anciens. Aussi, j’avais envie d’aider et c’est comme cela que c’est parti depuis 2015 »

Depuis 2017, comment évolue le rugby dans le pays ainsi le rugby féminin ? 

« Je pense que le rugby à 7 en Afrique, c’est l’avenir. Les Africains sont bien plus athlétiques que n’importe qui dans le monde. C’est un sport qui leur correspond très bien. Cela ne demande pas autant de spécificités comme le XV avec la touche ou encore la mêlée. Par exemple, le Kenya est dans le top 8 mondial et nous essayons de suivre le même chemin. En effet, je pense que notre salut passera par le 7. Cependant, les points World Rugby sont attribués par rapport au XV donc nous devons développer cet aspect également ».

« En 2019, nous avons été référencés à World Rugby. Depuis, on progresse énormément car on fait des compétitions de type 1 appelés ainsi avant la Gold Cup. Nous jouons désormais contre les 8-10 meilleures équipes continentales. En 2022, à Marseille, Le Burkina Faso a affronté la Namibie. Nous avons pris 71 points mais nous avons tenu 45 minutes avec un score 31-5. Nous les avons mis en difficulté. Au bout de 20 minutes, il y a avait 0-0. Toutes ces choses sont positives avec 80% de joueurs formés au pays contre des pros ».

« Pour le 7, nous avons fait au Zimbabwe, le tournoi de qualification olympique. Aussi, nous terminons 6e sur 12e en tenant tête à toutes les nations anglophones qui trustent les premières places continentales. On perd 4 essais à 0 contre le Kenya qui va aller aux JO et de 15 points contre l’Ouganda qui fait les Worlds Series. Enfin, on a obtenu une grosse victoire face à l’Algérie qui compte des joueurs évoluant en Fédérale en France mais aussi un à Bayonne. Je trouve que l’équipe progresse. A part le capitaine Stéphane Bationo et moi-même qui sommes trentenaires, les autres joueurs sont nés entre 1997 et 2005. Pour les 10 prochaines années, nous aurons la même équipe. Je suis très optimiste pour la suite »

Pour tous ceux qui souhaitent contribuer et aider le développement du rugby au Burkina Faso, ils peuvent faire un don déductible d’impôts à l’association : Burkina Demaï, que préside Antoine Yaméogo.